Eva Aeppli
6 juin – 1 novembre 2015
Eva Aeppli est née le 2 mai 1925 à Zofingen (Suisse) et a grandi à Bâle, avec ses parents et ses trois frères et soeurs. D’abord élève à l’école Steiner de Bâle, que son père avait contribué à fonder, elle suit les cours de l’école des arts appliqués pendant la 2ème Guerre mondiale et crée ses premières figurines en tissu et marionnettes qu’elle vend dans divers magasins. Son véritable travail artistique – ses figurines n’étant pour elle qu’un gagne-pain – ne commence qu’à Paris.
Aeppli rencontre Yves Klein, François-Xavier et Claude Lalanne, ainsi que des personnalités de l’univers artistique parisien alors en pleine vitalité : la galeriste Iris Clert, le critique Pierre Restany ou le jeune historien d’art suédois Pontus Hultén. Mais, dans l’ensemble, elle se tient à l’écart du monde de l’art, tandis que son mari s’y épanouit pleinement. En 1955, elle fait la connaissance de Niki de Saint Phalle et de son époux Harry Mathews ; les deux couples se lient d’amitié.
En 1960, Aeppli se sépare de Tinguely (désormais en ménage avec Niki de Saint Phalle) et épouse l’avocat américain Samuel Mercer avec lequel elle vit de temps à autre à Omaha dans le Nebraska.
Au milieu des années 1960 voient le jour les premières sculptures textiles, des personnages grandeur nature aux visages saisissants avec de longues mains fines. La Table de 1967 (aujourd’hui au Moderna Museet à Stockholm) montre 13 personnages attablés, comme une réinterprétation de la Cène mais sans le Sauveur. Un autre groupe de 13 personnages également, plus réduit, plus sombre, s’intitule Hommage à Amnesty International (aujourd’hui au Centre Georges Pompidou, Musée National d'Art Moderne, à Paris) : des figures vêtues de noir arborent des visages figés dans une souffrance mutique. En outre, elle crée des personnages isolés, assis dans des fauteuils, qui sont comme les gardiens silencieux du monde. À partir de 1975, en association avec l’astrologue Jacques Berthon et l’artiste Éric Leraille, Eva Aeppli s’intéresse de plus en plus à l’astrologie et se met à créer différents groupes de personnages dont le premier, Die zehn Planeten (Les dix planètes), est montré en 1976 à la Biennale de Venise. Après la Biennale, l’artiste décide de couler les têtes des Planètes dans du bronze. Elle offre les mains des personnages à des amis, leurs corps sont détruits.
Un dernier groupe d’oeuvres voit le jour en 1990 et 1991. Ce sont des sculptures qu’elle réalise conjointement avec Jean Tinguely, des personnages morbides comme dans Hommage à Käthe Kollwitz (Kunstmuseum, Soleure) ou Erika (collection particulière). Ces sculptures sont montrées à Bâle, à la Galerie Littmann, et font partie intégrante des rétrospectives qui suivront. Eva Aeppli a également travaillé avec d’autres artistes, comme Jean-Pierre Raynaud ou Daniel Spoerri.
En 2006, le Musée Tinguely exposant Les Livres de Vie, 15 tomes qu’Eva Aeppli a commencé à créer en 1954 et dans lesquels elle collait tout ce qui lui importait : cartons d’invitation à des expositions, photos d’amis, lettres, cartes, dessins, petites notes et documents de tout type, y compris des ébauches de testaments. Les Livres de Vie constituent le fil rouge qui traverse la vie de l’artiste qui connut du reste des changements permanents. Eva Aeppli avait offert les livres en 2002 au Kunstmuseum de Soleure. Toujours au Musée Tinguely, ce sont toutes les têtes en bronze de l’artiste qui furent exposées en 2008, suite à une donation de son frère Christoph au musée. La dernière grande exposition Eva Aeppli est due à son ami Daniel Spoerri qui l’organisa dans sa maison de Hadersdorf en Basse-Autriche. Là se refermait un cercle témoignant de l’amitié de toute une vie.
Porté par une amitié plus récente – mais non moins intime –, le catalogue raisonné (électronique) d’Eva Aeppli a été établi par la chercheuse Susanne Gyger en collaboration avec l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) qui le publie en accès libre sur son site depuis 2012.