Midnight Zone, 2024
Avec Midnight Zone, Julian Charrière suit le cours de la lumière d’une lentille de Fresnel plongeant dans la zone de fracture de Clipperton (ou CCZ, zone de Clarion-Clipperton). Entre Hawaï et le Mexique, cette vaste plaine abyssale s’étend au centre de l’océan Pacifique et abrite l’une des régions sous-marines les plus riches en minéraux de la planète. Du fait d’importants gisements de nodules polymétalliques, elle présente depuis plusieurs décennies un intérêt économique majeur : on y trouve en effet des métaux précieux tels que le nickel, le cobalt, le cuivre et le manganèse, autant de matériaux essentiels pour les batteries et les technologies d’énergie renouvelable.
La CCZ demeure pourtant une frontière largement inexplorée avec des écosystèmes fragiles peuplés de baudroies abyssales bioluminescentes, de poissons réticulés, d’insaisissables requins dormeurs et de requins grisets, ainsi que de coraux à croissance lente, d’éponges et autres espèces uniques, souvent méconnues et adaptées aux conditions extrêmes. La croissance de l’exploitation minière en eaux profondes dans cette région suscite de fortes inquiétudes quant à la destruction irréversible des habitats, la perte de biodiversité et la perturbation du cycle du carbone dans l’un des derniers biomes intacts de la planète. La présence de la lumière du phare, illuminant l’eau grouillante de vie, interroge notre conception de ces régions sous-marines profondes comme des zones quasiment sans vie.
La vidéo constitue une investigation des menaces extractivistes auxquelles la zone est confrontée : ce ne sont pas les fonds marins convoités qui sont mis en lumière, mais les formes de vie scintillantes qui peuplent les eaux au-dessus. À l’aide d’une lentille de Fresnel fabriquée sur mesure, Charrière allume la version abyssale du feu de camp, attirant ainsi une ménagerie de créatures océaniques dont le destin serait irrévocablement bouleversé par les opérations minières. Abandonnant le point de vue fixe des documentaires naturalistes classiques, la caméra, mobile et libre, gravite autour de la lanterne suspendue. Tandis que les espèces sous-marines se rassemblent et se dispersent autour des faisceaux lumineux, le film acquiert une dimension antigravitationnelle et abroge toute notion d’orientation. Nous sommes désormais comme en train de dériver dans la scène elle-même et de nous mouvoir avec le phare, comme partie intégrante de cet univers. Il en résulte une chorégraphie déstabilisante où la lumière, la vie et la personne qui regarde sont toutes pareillement suspendues.
Credits
Editor: Johannes Förster
Score: Laurel Halo
Spatial Sound Designer: Felix Deufel
Sound Design Assistant: Nino Theys
Lead Compositing Artist: Sean Sams
Compositing Artists: Kalle Max Hoffmann, Neil Reynolds
Editing Assistant: Leoni Faschian
Colorist: Johannes Förster
Post-Production Supervisor: Johannes Förster
Post-Production Coordination Assistant: Hannah Weidner
Expedition
ROV Operator & Director of Photography (DoP): Antoine Drancey
ROV Operator Assistant: Brieg Dufée
Marine Engineer: Christophe Leclercq
Underwater Camera Operator: Adil Schindler
Production Support (Above and Beneath the Waves):
Runar Jarle Stray Wiik
Underwater Guide & Safety Diver: Sten Johansson
Production Management Assistant: Hannah Weidner
Onsite Production & Coordination: Tanya Johansson, Sten Johansson
Vessel Operators: Dora Sierra, Susan Long, Pablo, Noberto, Manuel,
Cinco, Manolo, Everardo, Leonardo, Jerson
Acknowledgments
The artist would like to thank the many scientists and guides who
contributed invaluable knowledge and support along the way,
as well as project supporters:
Pedro Alonzo, Benjamin Coppel, Haley Ha, Allison Miller, Logan Mock,
Hannah Nolan, Carlie Wiener (Schmidt Ocean Institute),
The Shifting Foundation.